Rimbaud, Les Cahiers de Douai
LE COURS

Ce cours aborde tous les thèmes qu'il faut maîtriser sur le recueil d'Arthur Rimbaud et sur le parcours "Émancipations créatrices". Organisé par blocs thématiques, il vous prépare à traiter n'importe quel sujet de dissertation qui pourrait tomber le jour du bac, à comprendre la problématique, à construire un plan (parties et sous-parties) et à vous appuyer sur des références et des citations précises de l’œuvre.
1. Arthur en 1870 : un adolescent rebelle, avec un besoin très puissant de liberté et de provocation
Né le 20 octobre 1854 à Charleville dans les Ardennes, Arthur Rimbaud est un jeune homme de 15 ans et aura 16 ans le 20 octobre 1870. Les Cahiers de Douai constituent le premier ensemble de textes véritablement composé et préparé par Rimbaud. Ce sont des textes écrits en 1870, entre le début de l’année et le mois d’octobre, par un garçon exceptionnellement jeune.
C’est un élève au niveau académique exceptionnel (il obtient de très nombreux prix pendant toute sa scolarité) et, en même temps, au tempérament rebelle. Par exemple, on lui confisque un dessin qu’il a fait de son professeur d’histoire. Cet événement a donné lieu à un rapport de l'Inspecteur d'Académie adressé au Recteur : « Un élève de seconde de paresseux et d'un assez mauvais caractère a dessiné le portrait du professeur d'histoire, l'abbé Wuillème, complètement nu et sans aucune feuille de vigne ».
Ce tempérament rebelle va de pair avec un goût prononcé pour la provocation, qu’on trouve dans certains poèmes des Cahiers de Douai, comme « Le châtiment de Tartufe » et « Venus Anadyomène ».
« Le châtiment de Tartufe »
Ce poème est inspiré de l’étude faite en classe de français de la pièce de Molière Tartuffe (avec deux f). On y retrouve un lien direct avec les vers 863–868 (Acte III, scène 2), avec l’expression :
— Peuh ! Tartufe était nu du haut jusques en bas !
Mais la provocation réside surtout dans l’image obscène qui lance le poème. Dans l'expression « son cœur amoureux », on peut apparenter le mot « cœur « au sexe masculin, selon un emploi courant dans la littérature érotique. Il s’agit donc d’une scène de masturbation, où la répétition du participe présent « Tisonnant, tisonnat… » prend une lourde valeur d’insistance sur la perversion du personnage.
« Vénus Anadyomène »
On peut lire aussi ce poème comme une provocation adolescente, par le détournement d’un motif classique de la beauté et, à l’inverse, la mise en valeur d’une image morbide et répugnante. Selon la légende, Vénus naît de l'écume de l’onde (« Anadyomène »), dans toute sa beauté, au large de de l’île de Paphos. Les sculpteurs et les peintres ont beaucoup illustré ce motif: Raphaël, Botticelli, Ingres… Rimbaud déconstruit ce canon académique. En croisant le motif de Vénus Callipyge (« aux belles fesses »), il fait la description cruelle d’une vieille femme abîmée, voire d'une prostituée en pleine déchéance (à la manière de Baudelaire peut-être, dont le poème « Une charogne » est la description d’un cadavre en décomposition). C'est un éloge de Vénus inversé, en suivant le fil vertical d'un blason, à l'envers : cheveux, cou, omoplates, dos, échine et reins, anus. Il s’achève par un oxymore paradoxal et une image dégoûtante :
Belle hideusement d’un ulcère à l’anus.
2. Émancipations amoureuses : s’émanciper des normes sociales en parlant d’amour d’une manière audacieuse
Plusieurs poèmes des Cahiers de Douai relève de la poésie amoureuse. Il y a une longue tradition de ce thème dans la poésie, depuis l’antiquité grecque et romaine, puis les sonnets de l’Italien Pétrarque (qui a inventé cette forme du sonnet pour écrire des poèmes lyriques sur l’amour pour un personnage appelé Laure), repris ensuite en France, au XVIe s. par les poètes de la Pléiade comme Ronsard ou Du Bellay.
On peut dire que le jeune Arthur reprend cette tradition en accentuant de manière audacieuse la dimension érotique. C’est une manière de s’émanciper de la bienséance et du conformisme social, transgresser les normes sociales.
« Première soirée »
C’est un poème de ce genre amoureux, qu’Arthur a réussi à faire publier dans l’hebdomadaire La Charge (numéro du 13 août 1870) sous le titre « Trois baisers ». Il s’agit précisément du récit à la première personne de trois baisers, qui touchent des lieux sensibles du personnage féminin : les « chevilles », les « yeux », les « seins ». Le poème insiste sur le caractère érotique de la scène, notamment par la nudité progressive de la femme (« fort déshabillée » v. 1 et v. 29), « Mi-nue » v. 6), et le jeu amoureux marqué par les rires successifs et la voix de la femme au discours direct : « “Veux-tu finir” », « “Oh ! c’est encore mieux / Monsieur, j’ai deux mots à vous dire…” », un jeu de séduction entre pudeur feinte et plaisir assumé.
Le poème de Victor Hugo « Elle était déchaussée, elle était décoiffée… » est une inspiration évidente, avec la même atmosphère érotique.
« Rêvé pour l’hiver »
Ce texte apparait comme le récit (au futur, et dédiée mystérieusement « À ***Elle. ») d’un rêve, d’un fantasme, une sorte de conte de fées, avec encore une fois un scénario érotique. Les baisers de « Première soirée » s'incarnent sous la forme plus surprenante et troublante d'une araignée « cette bête » qui parcourt tout le corps de la femme. L'espace de ce conte de fées est inattendu, caractéristique de l'ère industrielle récente : c’est le wagon d’un train, marqué par le confort (« moelleux ») et des couleurs étonnantes (« rose », « bleus »). Dans ce jeu amoureux, la jeune fille ou la femme a un rôle actif (« Cherche ! »). On peut dire que c’est comme le récit d’un rêve sensuel et euphorique : le wagon transporte les amoureux, et à l'intérieur du wagon se réalise « un nid de baisers fous ». Le baiser-bête « voyage beaucoup » sur le corps de la femme.
La versification est très originale pour un sonnet : alternance d’alexandrins et d'hexasyllabes dans le premier quatrain et dans les tercets ; alternance d’octosyllabes et d’alexandrins dans le second quatrain. Est-ce une manière de traduire un désordre propre au rêve ? ou de reproduire le bruit du train sur les rails ? Sans doute inspiré de « La coccinelle » de Victor Hugo, en plus érotique et plus onirique.
3. Émancipations amoureuses et créatrices/poétiques : les genres et les motifs traditionnels de la poésie amoureuse détournés par le jeune poète
Comme on l’a vu, Rimbaud s’inscrit dans une longue tradition en écrivant des poèmes amoureux. Grand lecteur, il connaît très bien les genres et les motifs traditionnels, comme la poésie bucolique (l’idylle, la pastorale) et le roman. Jouer avec ces genres, c’est créer une poésie nouvelle.
« Les reparties de Nina »
Selon son ami Ernest Delahaye, l'inspiration vient bien d'une vraie jeune fille, sa première expérience amoureuse.
Dans le poème, le personnage masculin est le seul qui parle, jusqu'à la fin. Il prononce deux grandes tirades (vers 1–32, 33–56) face à une Nina qui écoute ses projets de promenade amoureuse pour eux deux, et, implicitement, ne le décourage pas. Comme une réponse à une question de Nina, sur les projets du soir, dans la ligne qui suit le vers 60, l’amoureux poursuit, à partir du vers 61, non plus au conditionnel, mais au futur, comme s’il avait pris confiance. Mais trop exalté, il finit par s'attirer une « repartie », en toutes lettres, qui donne la chute du poème, et brise complètement les rêves du garçon :
ELLE.- Et mon bureau ?
Cette Nina apparaît bien proche des « alertes fillettes » du poème « À la musique ». Elles savent, mais parlent peu, et tiennent à avoir la maîtrise de la situation.
On peut y voir une sorte de parodie, de détournement du genre bucolique :
-
Comme dans beaucoup des Bucoliques de poète latin Virgile, ce poème est un dialogue amoureux. On peut penser que les lignes de pointillés désignent à chaque fois une répartie de Nina, que le lecteur peut imaginer. Mais c’est en fait un monologue, jusqu’à la chute finale qui brise le motif bucolique.
-
L’atmosphère est clairement bucolique dans la première partie du poème : univers naturel champêtre et bienveillant (« frais rayons », « bon matin bleu », « le bois », « branches »…), ambiance amoureuse (« Ta poitrine sur ma poitrine », « Ton rire fou », « Ton goût de framboise et de fraise »…). Mais elle est ruinée ensuite par des éléments inattendus, grossiers et repoussants, comme « Ça sentira l’étable, pleine / De fumiers chauds » ou « Une vache fientera, fière », ou encore « Les fesses luisantes et grasses / D’un gros enfant ».
« Roman »
Titre qui transgresse volontairement les catégories littéraires, puisque c’est un court poème. Quatre chapitres numérotés et de même longueur, qui développent une sorte de roman sentimental, plein d'émotions : 17 ans, la belle saison, l'appel de la nature et des sens, toujours avec un petit regard critique et ironique. Le lecteur est interpellé par le « on » et le « vous » de la dernière partie. Le poème offre une image possible de tout amour adolescent. Au vers 1, « 17 ans » est un âge auquel se réfère beaucoup Rimbaud, cette année 1870, il lui faut pourtant attendre le 20 octobre 1870 pour avoir… 16 ans ! Vers 17 : « Robinsonne » : néologisme de Rimbaud. Vers 22–23 : allitération et rythme suggestif.
4. Émancipation sociale par la satire : exprimer son rejet contre la médiocrité et l’hypocrisie de la société de son temps
La satire (ou le ton satirique) consiste à utiliser le rire et la moquerie pour critiquer quelqu’un ou, plus souvent, un groupe de la société. Dans ces poèmes, le jeune Arthur s’attaque en particulier à la bourgeoisie de son temps en la mettant en scène de manière ridicule.
Rimbaud s’en prend surtout aux bourgeois de Charleville, comme dans « À la musique » (vers 5–6 et 13–16), comme il s'attaque dans des lettres au « patriotisme » / « patrouillotisme » de l'époque. À l’inverse, il se place du côté des victimes de la guerre, les opprimés, les soldats sacrifiés, comme dans « Le Mal » ou « Le dormeur du val », ainsi que les mères.
« À la musique »
Ce poème se rapporte à un véritable évènement, le 10 juillet 1870, place de la gare à Charleville, un concert donné par le « sixième de ligne », un orchestre militaire.
Il place les bourgeois dans un espace étriqué, à la mesure de leur étroitesse d’esprit :
Sur la place taillée en mesquines pelouses,
Square où tout est correct, les arbres et les fleurs
Tous les bourgeois poussifs qu’étranglent les chaleurs
Portent, les jeudis soirs, leurs bêtises jalouses.
Le poème repose sur un réalisme grotesque, qui s’attaque aux manières ridicules et aux vanités de la bourgeoisie de province. Le rejet du verbe « Portent », et le report en fin de vers du long complément d’objet, donnent à voir des individus alourdis par les accessoires dont ils font étalage : « breloques à chiffres », « lorgnons », « cannes à pommes ». Le poème évoque leurs débats sur l’actualité politique et militaire : vers 15, « les traités » sont sans doute ceux qui ont été conclus entre les états allemands, et qui constituent une menace directe pour la France. Ils se croient des gens très importants.
À ce monde médiocre s’oppose le poète-narrateur, « débraillé comme un étudiant/Sous les marronniers verts ». Un espace de fuite, de bruits, de musique et de danse, comme celui « des cafés tapageurs » de Roman, permettrait ainsi de s’émanciper de celui de la pesanteur et de la superficialité.
Au vers 25 apparaissent aussi les « alertes fillettes ». Elles font contraste elles aussi avec le petit monde masculin, bourgeois et médiocre du début. Le rire et le regard, ainsi que leurs corps sont aux yeux du narrateur le seul élément de fraîcheur.
Il y a deux versions du dernier vers : « Et mes désirs brutaux s'accrochent à leurs lèvres » et « Et je sens les baisers qui me viennent aux lèvres. ». Il semble que la version plus faible ait été proposé par Georges Izambard qui trouvait la première un peu trop osée, et Rimbaud a accepté.
« Le châtiment de Tartufe »
La veine satirique est aussi présente dans le « Châtiment de Tartufe », sans doute conçu en lien avec un travail scolaire sur la comédie de Molière, en classe avec Izambard. Ce texte est un exact de complément de la nouvelle « Un cœur sous une soutane », qu’il a écrite au même moment que les poèmes des Cahiers de Douai. Dans ce cas, il faut lire ce poème comme une satire contre l’Église et/ou contre l’hypocrisie, qui met en scène de manière comique un ecclésiastique effrayant, incapable de contrôler sa perversion.
5. Émancipations politiques : l’art de la caricature (comme dans la presse anti-bonapartiste), pour exprimer ses idées politiques
Selon Rimbaud, la poésie est indissociable de l'action. L'ennemi de la guerre : Louis XVI ou Napoléon III, plus tard, Adolphe Thiers. La poésie est investie d'une force, avec un pouvoir destructeur, le rire. C'est ce que l'on appelle le registre satirique, lié dans les images où la laideur morale se manifeste par la laideur physique.
Arthur Rimbaud est un lecteur assidu de la presse et de la littérature satirique anti-bonapartiste de son époque. Il a lu La Lanterne de Boquillon, un grand succès dont le narrateur est un soldat nommé Boquillon sans éducation, pris dans la violence et l’absurdité de la guerre. La presse, c’est La Charge ou encore Le Charivari qui publie des dessins comiques dont les personnages se nomment Dumanet et Pitou, types du soldat naïf, crédule et ridicule de l'époque. On retrouve cet univers et ces personnages dans le poème « L’éclatante victoire de Sarrebrück »
On peut souvent qualifier ces poèmes de « burlesque », qui traitent en style bas et dégradé un sujet considéré comme noble et élevé (ici l’empereur, ou la guerre).
« L'éclatante victoire de Sarrebrück »
Le poème, qui se présente comme une ekphrasis, « Gravure belge brillamment coloriée » vendue « à Charleroi, 35 centimes », signale d’emblée une intention parodique. C’est une mise en scène caricaturale, qui se moque d’une image de propagande (on ne sait pas si cette image a réellement existé) qui glorifie une bataille mineure de la guerre avec la Prusse.
On y voit donc les personnages typiques de la satire militaire de l’époque. C’est une mise en scène burlesque qui rabaisse l’empereur, car ce n’est pas une bataille qu’on nous fait voir. L’empereur apparaît non sur un terrain de guerre, mais plutôt en train de jouer : « papa » siège « sur son dada » ; les soldats, figures récurrentes de caricatures, Pitou, Dumanet et Boquillon, sont indifférents à sa présence. La dérision se lit aussi dans le jeu des couleurs. Le bleu, le jaune, le rose et le rouge égaient ce décor où l’empereur, qui « voit tout en rose », et ses Pioupious, qui « se lèvent gentiment », ne semblent pas comprendre qu’ils sont sur un champ de bataille.
Les détails militaires, comme le « shako » ou le « chassepot » participent de cette scène burlesque. Le shako, chapeau militaire souvent moqué, comparé à un pot de fleurs ou à un pot de chambre dans les caricatures, fait une apparition fulgurante dans le poème. Le chassepot, fusil de l’armée française, est, pour sa part, détourné de son usage, dénué de sa puissance offensive, comme dans les caricatures où il fait souvent l’objet de comparaisons loufoques, par exemple avec une seringue à lavement.
Et le sonnet se clôt sur une chute grivoise, un gros plan faussement épique sur « les derrières » de Boquillon.
« Rages de Césars »
Contexte de l’actualité : après la défaite contre la Prusse, Napoléon III est emprisonné dans le château de Wilhelmshöhe en Allemagne. Rimbaud décrit ici « l’homme pâle », atteint de la maladie de la pierre, et qui songe au passé avec mélancolie. Aucune compassion pour le vaincu. Le poète s’y moque d’un empereur malade, déchu, risible, comme dans les caricatures qui soulignaient son allure cadavérique et, implicitement, la décadence du régime.
Allusions grivoises : le terme « éreinté » (v. 8, qui a les reins rompus, brisés) associe la maladie de Napoléon III, « soûl de ses vingt ans d’orgie », à ses excès sexuels, associés aux résidences impériales des Tuileries et de Saint-Cloud. Le poème fait des allusions douteuses, comme avec le cigare (v. 13-14) qui apparaît souvent dans les caricatures. Quant au « compère à lunettes », il désigne Émile Ollivier, le premier ministre qui avait annoncé la guerre. Cette périphrase fait écho aux caricatures de l’époque qui se moquaient de ses lunettes, de son strabisme et donc de sa conduite « louche ».
Le contraste entre la grandeur passée et la déchéance présente grandit à chaque strophe, donnant ce sentiment de décomposition. La pointe du sonnet évoque les plaisirs tabagiques de la cour, mais aussi l'incendie du château de l'empereur, le 14 octobre, comme une pointe acerbe sur la fin d’un règne.
« Le châtiment de Tartufe »
Selon le spécialiste Steve Murphy, il faut aussi lire ce poème comme une satire contre Napoléon III sous les traits du personnage de Molière, symbole de l’hypocrisie et de la perversité. Au vers final, l’allusion à la réplique de Dorine dans la pièce de Molière (v. 867-868 « nu du haut jusques en bas ») inviterait le lecteur à lire le sonnet, « du haut jusques en bas », pour découvrir sa cible réelle : « JULES CES – AR ». L’acrostiche des vers 4 à 11, complété par les initiales de la signature (Arthur Rimbaud), découvre, dans un jeu de caché montré, une des manières de nommer l’empereur.
6. Émancipations politiques : jouer sur les genres de l’épopée et de l’idylle pour exprimer ses idées politiques
On sait qu’Arthur Rimbaud a beaucoup étudié le latin, et en particulier la poésie de Virgile, et les Bucoliques. Dans ce genre (l’idylle, la pastorale, la bucolique), la nature apparait comme un lieu bienfaisant où la vie est légère, comme un paradis originel. Dans l’antiquité, ce lieu est l’Arcadie (en Grèce) ou la Sicile. Dans plusieurs poèmes des Cahiers de Douai, la guerre met fin à l'ordre du monde qui est incarné par la nature, c’est-à-dire une harmonie, belle et bienfaisante pour les Hommes.
Dans les genres littéraires traditionnels, la guerre est au cœur de l’épopée (L’Iliade d’Homère par exemple) comme l’occasion pour les héros de montrer leurs qualités exceptionnelles. Chez Rimbaud, pas d’épopée, car la guerre apparait comme une boucherie absurde, qui tue « en masse » de pauvres hommes innocents.
« Le dormeur du val »
Le poème s'ouvre sur l'image du paradis originel, qui transpose dans les Ardennes (lieu de la guerre franco-prussienne) l'Arcadie ou la Sicile de poètes antiques : « la montagne fière » (=les Ardennes). Il s'agit d'une nature paradisiaque, qui est fleurie et pleine de parfums. Le lieu de l'origine est devenu un champ de bataille : le « trou de verdure » est souillé par les deux « trous rouges », causés par la mort. Le vers est brisé, comme si le paradis idyllique était déjà perdu. On pourrait rapprocher de ce sonnet du tableau de Nicolas Poussin Et in Arcadia ego.
Dans sa structure, on va d'un plan d'ensemble sur le « trou de verdure », de la première strophe au gros plan final sur les « deux trous rouges », de l'impression heureuse à la découverte progressive de la mort, avec le contraste entre la vie de la nature en fête et l'immobilité du soldat. Tout dénonce la guerre, comme l'une des formes du mal social.
La nature est maternelle pour le pauvre soldat, mort, comme un Christ en croix, avec ses « trous rouges ».
« Le Mal »
Ce poème s'inspire de la guerre de 1870, comme le dit ouvertement la référence aux couleurs des uniformes, rouges pour les Français, verts pour les Allemands. La parenthèse des vers 7 et 8 fait bien sûr penser au « dormeur du val » :
- Pauvres morts ! dans l'été, dans l'herbe, dans ta joie,
Nature ! ô toi qui fis ces hommes saintement !… –
La nature est évoquée au vers 7 et 8, dans deux vers entre parenthèses (les tirets sont un équivalent soutenu des parenthèses) : Cette évocation est donc placée exactement au milieu du sonnet, si bien que les strophes ne délimitent pas de véritables parties : le plan est celui qu’on a donné au début du III.
Une apostrophe (adresse à quelqu’un) à la nature sépare deux aberrations humaines :
-
la guerre et les errances du pouvoir politique
-
l'Église et la religion
Rimbaud rend un sorte d’hommage à la nature :
- Personnification par l’apostrophe et la majuscule qui la met au même rang que le Roi et Dieu dans le poème
- Nous sommes en « été » (belle saison), couleur verte (« herbe », bleue (« ciel »). Le sentiment de « joie » s’oppose à tout le reste du poème.
- « ô toi qui fit ces hommes saintement… » : c’est une Nature créatrice de la vie. « saintement » est un hommage à une Nature qui est sincère, pure, désintéressée, et l’appartenance de cet adverbe est une provocation contre le Dieu de la suite du texte, qui est tout le contraire de cela.
® Le poème contient en son milieu une prière à la vraie divinité bienfaisante pour Rimbaud, la Nature.
7. Émancipations politiques : dans le sillage de la Révolution française et de la culture populaire républicaine et sociale
Rimbaud se range ouvertement du côté de ceux qui luttent contre le despotisme et pour la liberté, depuis 1789 et jusqu’alors. C’est son camp, celui de 1792-1793 et de la culture populaire républicaine au XIXe s. Les témoignages s’accordent sur son engagement radicalement républicain. Le jeune poète prend le contrepied de l’éducation conformiste qu’il a reçue et s’engage du côté des marginaux, des rejetés, des exclus. On retrouve souvent dans ces textes les figures de l’orphelin, de l’enfant abandonné (« Les Effarés »), du vagabond sans famille (« Ma Bohème », « Rêvé pour l’hiver »), des hommes et femmes du peuple (« Le forgeron »). Ces personnages apparaissent comme autant de misérables libres, qui auraient échappé aux carcans d’une société aliénante et productiviste. Le poète prend ainsi fait et cause pour « le Peuple ».
« Morts de Quatre-vingt-douze… »
Le poème est une réponse à un article du journal Le Pays où les Cassagnac, père et fils, bonapartistes, appelaient les Français à prendre les armes pour défendre l'Empire et se référaient pour cela à l'élan de Valmy pour sauver la France de la Révolution en 1792. Rimbaud attaque cette propagande en mettant en valeur « vous », les combattants de la liberté des batailles de la Révolution avec le vers :
Morts de Valmy, Morts de Fleurus, Morts d’Italie,
et « nous », ceux qui doivent, aujourd’hui en 1870, continuer ce combat en luttant contre Napoléon III et ses partisans, comme les Cassagnac.
Il le déclare en indiquant au bas du poème qu’il écrit depuis la prison de Mazas, et le date du 3 septembre, un jour après la défaite de Sedan, ce qui lui donne une dimension spectaculaire. Victor Hugo, écrivait d'ailleurs en 1867, dans une lettre à un journaliste qui venait de sortir de prison : « Plus on est à Mazas, plus on est dans la République ! » Cette prison représente donc la nouvelle « Bastille de 1789, transposée en 1870.
« Le Forgeron »
Ce poème a une ampleur exceptionnelle. Rimbaud imagine cette scène à partir d'un épisode célèbre de la Révolution : le boucher Legendre, l'un des meneurs de l'insurrection du 20 juin 1792, parvient aux appartements du roi, réclamant l'exécution des décrets, le bannissement des prêtres réfractaires et s'adressant directement à Louis XVI avec une insolence devenu légendaire.
Dans son discours (v. 14–100, 111–170), le forgeron donne une double image de lui-même et de ses camarades : vulgaire et nul (« pauvre » v. 54, « maudit », v. 80 « crapules », v. 117 etc.) et de l'autre côté, comme fort et plein d'avenir (« peuple » v. 58 « homme » v. 72 « ouvrier », v. 136, etc.). Il en est de même du roi et de son entourage, qualifiés de nobles et grandioses (« seigneur » v. 18, « sire » v. 12, « Messieurs de la cour », v. 157, etc.) et en même temps de lâches et de malins (« chenapans » v. 49 « hommes noirs » v. 87, « accapareurs », v. 157). En insistant sur ces oppositions, le forgeron signale que le moment est venu d'en finir avec les vieux rapports humains de l'Ancien Régime : c’est le temps du peuple qui est « superbe de crasse », avec un oxymore frappant. Le roi est maintenant lâche et méchant, le forgeron a la mission de réaliser ce qui doit mener au Nouveau Monde : « nous sommes pour les grands temps nouveaux » (v. 136–137).
Avec sa rhétorique populaire, le forgeron orateur évoque la foule, les paysans, les ouvriers, dont l'aristocratie exploite le travail et qu’elle écrase d'impôts. Il se réclame de « la Crapule » et de « la Canaille. Rimbaud fait ouvertement référence à une chanson populaire républicaine du mouvement ouvrier dont le refrain dit : « C’est la canaille, Eh bien j’en suis ! ».
Au-delà de Louis XVI, il prend pour cible plus généralement tous les puissants qui détiennent le pouvoir et l'argent. Parmi les puissants se rangent également les représentants du Tiers-État aux États généraux, bourgeois qui méprisent le peuple (vers 86–100). Et on peut penser que c'est Napoléon III qui est visé à travers Louis XVI, et que c’est un appel à une nouvelle révolution qui achèverait celle de 1789.
8. Célébrer l’émancipation par la fugue : le plaisir de la « liberté libre »
Le groupe des sonnets de la seconde livraison des Cahiers de Douai, pour leur forme et leur contenu, semble devoir être rattaché à la deuxième fugue de Rimbaud en Belgique, en octobre. À tort ou à raison, ils sont liés dans l’imaginaire collectif à l'authenticité de cette fugue et aux expériences de Rimbaud sur les routes. Les descriptions vives sont vues comme une proximité avec les choses et les instants de bonheur éprouvé. Sans langage compliqué ni pompeux, les vers sont simples et légers. Ils font penser aux futures Romances sans paroles de Verlaine. Quand Arthur rentre à Charleville, il confie à Izambard son désir de fuguer à nouveau, car il adore « la liberté libre », un pléonasme qui semble exprimer la liberté totale, absolue.
« Au Cabaret-vert » et « La Maline »
On relie ces poèmes au voyage à pied en Belgique d'octobre 1870, qui a conduit Arthur Rimbaud à Charleroi. Il y avait dans cette ville, sur la petite place au bord de la Sambre, accessible par le pont la reliant à la gare, une auberge où tout était vert, même les meubles, et qui s'appelait « À la maison verte ». Rimbaud a dû y faire escale vers la mi-octobre. D'après un témoin, « la fille aux tétons énormes » serait Mia, une forte flamande.
Il célèbre ici le plaisir des sens :
« des tartines de beurre, / Du jambon tiède (…) Du jambon rose et blanc parfumé d’une gousse / D’ail (…) la chope immense, avec sa mousse »
Position du garçon détendu, vautré :
« j’allongeai les jambes sous la table / Verte » / « et je m’épatais dans mon immense chaise »
Découverte des femmes : liberté spectaculaire du plaisir et de la séduction
« la fille aux tétons énormes », une apparition théâtrale de la femme fatale séductrice dans « La Maline » (« servante », « malinement coiffée , « en promenant son petit doigt tremblant / Sur sa joue »…)
La vie simple n’empêche pas d’être heureux : Si les « bottines » sont « déchirées », le bohémien se sent « bienheureux ». Plaisir d’écouter le temps passer : « En mangeant, j’écoutais l’horloge, - heureux et coi ».
« Sensation »
Plaisir d’aller et de sentir, sans destination ni objet : fusion avec la nature
Premier des trois poèmes envoyés au poète Banville le 24 mai 1870. Dans la lettre, il se présentait déjà comme le poète des « sensations ». Volonté tournée vers le futur, thème du départ solitaire, image du bohémien, qui part physiquement à la découverte de la nature, dans un double mouvement de conquête et d'abandon, proche de la plénitude de l'amour. Intimité euphorique entre la nature et le poète, comme dans un poème en prose écrit quelques années plus tard, « Aube » dans les Illuminations.
Sensation
Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l’herbe menue :
Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.
Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
Mais l’amour infini me montera dans l’âme,
Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, — heureux comme avec une femme.
20 avril 1870.
Dans « Ma bohème », Rimbaud conclut son cahier en sortant de la joie simple de la fugue. Il passe à une autre dimension. Le poète recrée l'harmonie de l'univers, qui devient le froufrou des étoiles de cirque.
9. Émancipation poétique : un projet de création qui consiste à « trouver une langue » et à transgresser les codes et les maîtres de la poésie
Il est difficile de voir un ordre ou une logique thématique dans l'enchaînement des poèmes des Cahiers de Douai. On peut opérer des regroupements, à partir de thèmes, ou aussi repérer le groupe formé par les sept sonnets d'octobre 1870. Le caractère hétéroclite de ses 22 poèmes manifeste la plasticité de la poésie du jeune Arthur Rimbaud et une certaine dispersion des thèmes : poésie amoureuse, fantastique médiéval, tableau mythologique, ton satirique, bonheur d'une bohème libre. Rimbaud s’y affiche comme un contemporain de son temps, souhaitant avec un peu d’audace parler de tout.
Il brise les règles traditionnelles de la création poétique :
-
Briser l’unité de ton
Recréations lexicales, ruptures de registres, décalages réalistes, voire scatologiques, images fulgurantes, intrusion de citations ou de caricatures qui relèvent presque du collage, voix d’ordinaire inconciliables avec la poésie (régionalismes, marques de familiarité, d’argot, d’oralité, voire de grossièreté) ; ou encore le registre scatologique côtoient les références mythologiques, les tours syntaxiques désuets. Une langue hybride, qui contribue, selon le spécialiste Jean-Baptiste Baronian, à « désacraliser l’art d’écrire ».
Ex. « Les reparties de Nina » (voir question 3)
Ex. « Vénus Anadyomène » (voir question 1)
Ex. Quand il donne la parole au peuple, dans « Le forgeron », c’est de manière brute, brutale, sans se conformer aux normes de la rhétorique académique : « Le Peuple n’est plus une Putain. », « Merde à ces chiens-là ! ». Tutoiement qui va mal avec l’apostrophe : « Sire, tu sais bien… », « Or, tu sais bien, Monsieur »
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Une poésie qui fait entendre toutes les voix
Dans les poèmes, le texte fait parler tous les personnages : la prière en latin de Tartufe (« Oremus » dans « Le Châtiment de Tartufe »), les interjections ou les réactions orales des adolescents (« Hein ? », « Tiens !... », « Et mon bureau ? », dans « Les Reparties de Nina »), la suffisance des bourgeois (« En somme !... » dans « À la
Musique »), l’arrogance tyrannique de « l’homme pâle » (« Je vais souffler la Liberté/Bien délicatement ainsi qu’une bougie ! » dans « Rages de Césars »), les encouragements ambigus des jeunes filles (« Veux-tu finir » dans « Première soirée » ; « Cherche ! » dans « Rêvé pour l’hiver »), le belgicisme de la servante (« Sens donc : j’ai pris une froid sur la joue… » dans La Maline »), la question incrédule de Boquillon (« De quoi ?... ») et l’exclamation des soldats (« Vive l’Empereur ! », dans « La Victoire de Sarrebrück »).
Le poète fait ainsi entendre dans « la langue de l’Autre » qui est la langue « de tous ».
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La versification traditionnelle malmenée
Dans une lettre à Georges Izambard, Arthur admire ce vers de Paul Verlaine :
Et la tigresse épou – vantable d’Hyrcanie
Car il place la césure de l’alexandrin au milieu d’un mot, ce qui est contre les règles de la versification. Arthur fait de même en malmenant cette règle de la césure ou en plaçant des termes inattendus à la rime, comme une préposition :
Tisonnant, tisonnant son cœur amoureux sous
Sa chaste robe noire, heureux, la main gantée,
Dans certains poèmes (« La Maline » par ex.), il multiplie les enjambements et les rejets, au point qu’on ne peut presque plus entendre les rimes.
Ces choix d’écriture anticonformistes, parfois transgressifs, toujours irrévérencieux, marquent les débuts d’une certaine libération poétique. En mai 1871, dans une lettre dite « du Voyant », le poète formule l’ambition d’une poésie « en avant », car « les inventions d’inconnu réclament des formes nouvelles ». Pour répondre à ces aspirations, il s’agira alors de « trouver une langue ».
10. Émancipation : la foi dans le progrès et dans l’émancipation totale de l’Homme
Pour les auteurs romantiques, l’humanité s’est développée en trois périodes successives. L’ère primitive de l’harmonie inconsciente (l’Antiquité), la période actuelle de la dysharmonie douloureuse (le christianisme) et l’âge à venir de l’harmonie retrouvée, mais enfin consciente d’elle-même. Pour ces auteurs, la poésie repose donc sur le principe d’une histoire religieuse et esthétique de la civilisation occidentale, dont voici les trois âges : d’abord la beauté païenne, native, originelle ; puis la beauté chrétienne, du mal, de la honte, du péché originel, de la mélancolie ; enfin une troisième beauté, que le XIXe siècle doit trouver pour surmonter la dysharmonie chrétienne.
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Baudelaire propose dans son sonnet « La muse malade » une solution dialectique qu'il appelle ailleurs la « modernité » : il s'agit d'une synthèse de l'antique et du chrétien, de la santé et de la maladie, de l'harmonie et de la dysharmonie.
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Théodore de Banville propose une solution parnassienne : l'avenir est au classicisme, c'est-à-dire un retour nostalgique à l’Antiquité, surtout grecque ; la poésie doit faire la résurrection des dieux païens, telles qu'ils étaient dans l'Antiquité en établissant l’égalité entre les dieux et l'homme.
La conception de Rimbaud
Dans « Soleil et chair », d'abord baptisé « Credo in unam… », Rimbaud s'inscrit dans la continuité de Banville. Il fait une histoire religieuse et esthétique de la civilisation, selon trois temps, passé, présent et futur. La femme y tient d’ailleurs une part importante puisqu'elle est à la fois l'humanité, la beauté et la poésie.
– Le passé, le temps de l'antique jeunesse (partie I) : c'est le règne de la déesse, de l'amour et de la beauté, la grande Vénus. C'est une beauté de la matière, qui incarne les principes de la vie et de la force, de l'amour. C'est la beauté idéale, « impeccable » pour reprendre un mot que Baudelaire accorde à Théophile Gautier. Cette antiquité et pourtant un paradis à jamais perdu. Pour Rimbaud, vouloir ranimer ce vieux monde est une aberration. C'est pourquoi le poème est à la fois un pastiche et une parodie. Vouloir ressusciter cette beauté est anachronique, dans un siècle où elle n'a plus sa place.
– Le présent ou la laideur de « maintenant » (partie II) : Rimbaud suit encore ses prédécesseurs dans la conception du christianisme. Les chrétiens qui ont vaincu Vénus, ont condamné la vie et la beauté du corps. Ils méprisent les choses visibles et leur préfère la mort et l'au-delà. Dans Une saison en enfer, Rimbaud se définit comme « un païen exilé en pleine ère chrétienne ». L'époque de la honte du péché et des interdits moraux.
– Le futur ou la « rédemption sainte (parties III et IV) : il innove en prophétisant une ère où l'homme sera lui-même la divinité, heureux et libéré de tous ces dieux, ceux des païens et celui des chrétiens. L'homme sera reçu par Vénus qui ressuscitera pour lui et il recevra l'offrande de son amour (vers 73–80), il imposera sa supériorité aux divinités antiques, contrairement à l'égalité rêvée par Banville. Les déesses soupirent après les mortels (vers 118–123), les dieux écoutent (vers 128). Le poème s'achève sur un paradis, c'est-à-dire un jardin clos, qui n'est pas l'Arcadie antique, mais un parc très contemporain, où les dieux sont en fait des statues de marbre. C'est un paradis naturel à construire : une utopie.
Ce credo (une profession de foi) est un dépassement à la fois du paganisme antique et du credo chrétien. Il s'agit de substituer au christianisme actuel, une autre religion, une religion de l'humanité qui serait un autre paganisme, non pas antique et nostalgique, mais nouveau et futurs. Cette religion est fondée sur l'amour, la liberté et le bonheur, une religion de la force dont le dieu serait l'homme, un jeune homme. La solution de Rimbaud, contrairement à ses prédécesseurs, est orientée vers le nouveau absolu. Banville veut ressusciter l’antique, Baudelaire réconcilier deux modèles. Rimbaud dépasse tout cela pour instituer le futur et l'inouï. À relier à son projet politique de constitution communiste (d’après le témoignage de Delahaye).
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Toute cette vision de l’histoire et de l’avenir est à mettre en rapport avec les héros des poèmes d’Arthur Rimbaud, et en particulier, aux « héros » du seul poème des Cahiers de Douai qu’il ne reniera pas ensuite : « Les Effarés ». Ce poème met en valeur l’Homme dans ce qu’il a de plus pur, et en même temps moderne et beau. C’est le regard particulier que le poète porte sur eux qui révèle leur rôle historique : ces « petits pauvres » sont pour Arthur l’avenir du monde.
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